Quand est-ce qu’on mange? Ici, comme ailleurs, le repas est un moment clé de la journée. Les repas. On parle de nourriture avant, pendant, et après. On s’échange recettes et bistrots à découvrir absolument. Le matin, au réveil, on se demande ce qu’on va manger, où on va manger, et avec qui. Tu fais une soupe Armand? Qu’est-ce que tu as cuisiné, Vicky? Muriel, tu prépares la salade? Kostas, à quelle heure tu allumes le feu? On mange sur la terrasse ou sous les oliviers?
Il y a trois sortes principales de repas ici: les mézédes qu’on mange dans les bistrots appelés « tsipouradiko », qui proposent petits plats frais, poisson, légumes d’ici, salades, humus, tzatziki ou autre aïoli, accompagnés de tsipouro, l’ouzo local – en fait, je devrais plutôt dire tsipouro accompagné de quelques délices variés, présentés dans de petits plats partagés par toute la tablée, tradition héritée des réfugiés venus d’Asie mineure en 1922. Ensuite, il y a les plats préparés, mijotés pendant des heures, avec beaucoup d’oignons et d’ail, de sauces plus ou moins douces, rouges des tomates et des poivrons qui en sont la base, plats de tradition féminine, ceux qu’une mère ou une grand-mère prépare pour sa famille à la maison. Et il y a les grillades: de poisson et d’agneau principalement, parfois de poulet, ou même de sanglier – de temps en temps, un paysan en tue un, qui s’est malencontreusement aventuré sur son terrain pour manger les figues tombées à terre.
Volos est la capitale des « tsipouradikos », tradition qui s’est ensuite exportée vers le reste de la Grèce. Il paraît qu’on y trouve pas moins de 400 établissements! Nous en connaissons seulement quatre, parce que notre fidélité habituelle, et surtout celle d’Armand, nous faire revenir toujours aux mêmes. Et comment résister au sourire du garçon qui nous accueille, heureux de nous revoir?
Ici, la nature est généreuse, et il en faut peu pour manger à sa faim: quelques petits poissons, un poulpe, les légumes qui voudront bien pousser dans le jardin. Un petit paradis si on veut bien le voir.
