J’arrête de râler*, Le philosophe nu**, Le cerveau de Bouddha*** – toutes des lectures à la recherche de plus de joie et de sérénité. Pas que ce soit nécessaire ici ! La vie est si simple et belle, les soucis et les problèmes si lointains, le sourire nous quitte rarement. Même quand nous travaillons, ou s’il pleut.
Mais comment garder ce sourire intérieur une fois de retour ? Ne pas perdre cette sérénité qui nous accompagne ici, et cette joie? Comme je ne sais pas si les bonnes résolutions, faciles à prendre mais difficiles à mettre en pratique vont m’aider, en attendant, je me dis qu’il est bon de pratiquer les exercices suivants :
1. Arrêter de râler – eh oui, même ici je me surprends à râler ! Quand je travaille bien sûr, pas à la plage, d’accord, mais vu les circonstances dans lesquelles nous travaillons, soit sur une terrasse en pierre abritée d’un grand drap blanc pour nous protéger des raisins qui coulent parfois, des feuilles qui se détachent de la vigne, vue sur la mer et les 4 stonks, ces quatre rochers entre lesquels se trouve le « centre de l’univers » d’Armand (et au centre desquelles pierres se trouve, au sable, une pierre plate et ronde, avec un creux dans lequel se trouve un très grand galet rond…), douceur de l’air, horaires allégés – je ne devrais pas du tout râler ! Donc je m’exerce, un bracelet au poignet (chaque fois que je râle je change de poignet) et je fais des progrès !
2. Respirer à fond 5 fois de suite, mais vraiment 5 fois et sans penser à rien, à part la respiration, l’air qui entre puis sort, chaque fois que me vient une pensée désagréable accompagnée d’une petite angoisse, ou une inquiétude, ou d’un énervement.
3. Pratiquer tous les jours la relaxation « stop, je m’arrête ». Étendue sur le sable, dans mon lit, sur les pierres chaudes de la terrasse, n’importe où, cela provoque un grand bien-être, une détente totale. Cela vide l’esprit – je me répète « stop, je m’arrête » plusieurs fois, avec la respiration. J’essaie de le faire 10 à 20mn de suite, parfois j’y arrive, parfois je m’endors, parfois des pensées parasites viennent se glisser entre deux « stop, je m’arrête », parfois c’est plus court – mais cela fait toujours du bien, et je me dis que si je m’exerce quand c’est facile, cela me permettra de mettre cette relaxation en pratique quand le quotidien et ses stresss (?) reviendront.
En attendant, chaque moment ici est prétexte à la fête : une assiette de salade, un café accompagné de kourabiès, une ballade pour aller voler des figues dans un champ voisin, un bouquet de quelques fleurs, descendre à la plage et contempler la vue splendide sur l’horizon lointain, les bleus changeants de la mer et du ciel, les herbes folles et les buissons sauvages, regarder la lune se lever sur la mer et son reflet scintillant, contempler la voûte céleste, les étoiles et la voie lactée allongés dans le hamac…
Il faudra retrouver ces moments une fois de retour à Bevaix, et ne pas oublier d’en profiter : un café accompagné d’un morceau de chocolat ou d’un cake maison, une ballade au bord du lac dont les vagues contre la grève de la Pointe du Grain font penser à la mer, marcher sur la route qui mène à l’Abbaye et contempler les bleus changeants du lac et du ciel, les grands arbres et les roseaux dorés, les Alpes et les nuages enflammés au coucher du soleil, écouter de la musique grecque à la radio, aller manger une crêpe, faire une jolie table et inviter nos enfants ou nos amis…
Ne pas se laisser envahir par le quotidien, les heures de travail harassant, la politique villageoise décourageante, les nouvelles du monde en guerre, les catastrophes écologiques, les injustices criantes partout dans le monde. Ne pas oublier la chance que nous avons de vivre dans un pays riche et en paix, d’avoir du travail, justement. Je ne veux pas dire devenir indifférente au monde, mais au contraire, profiter de la paix, et accepter que le seul changement que je peux entreprendre avec succès, c’est en moi qu’il réside : ne pas râler, être de bonne humeur, attentive à ceux qui m’entourent. Ce qui ne m’empêchera pas de continuer à me battre, bien consciente de n’être qu’une petite goutte d’eau, pour un monde meilleur.
* Christine Lewicki** Alexandre Jollien
*** Rick Hanson