Metsovo

Avant, Metsovo c’était juste un nom bizarre, un peu lourd et rustique, sur un écriteau le long de la route du Katare, ce col long et sinueux qu’il fallait franchir pour arriver en Grèce – la Grèce de nos enfants, c’est à dire ici, Potistika. Pendant des années, nous avons vu ce panneau indicateur – Metsovo – sans le suivre. Et puis cette année, Armand a décidé d’aller y acheter du fromage, directement de la fromagerie. C’est vrai que sur les flancs du Katare, on voit parfois par-ci, par-là, des troupeaux de chèvres et de brebis.  Avant même d’entrer dans le village, il y a sur la droite un gros chalet sur lequel on peut lire « Tirokomio », fromagerie. Nous avons été accueillis par des sourires, les fromagers étaient sur la terrasse en train de contempler la vue. Nous sommes descendus avec l’un d’eux dans l’antre de la fromagerie – de grandes pièces fraîches, remplies d’étagères sur lesquels étaient sagement alignés, bien ronds, dans une odeur de lait frais, des centaines de fromages. Ceux de brebis, entourés d’une cire rouge. Ceux de chèvre, plein de petits points noirs – du poivre. Ceux en forme de grosses saucisses, entourés d’une couche de fromage durci, jaune foncé, presque brun, qui sentent fort la fumée – fromages de vache, fumés au feu de bois. Le fromager a emballé nos trois fromages – un de chaque – dans du papier blanc, rédigé une facture et nous sommes repartis, délicieusement alourdis.

Après cet achat, nous sommes descendus vers le village, et la première maison, c’était celle du menuisier, tourneur de bois. Il fabrique les cannes des petits vieux du village et du reste de la Grèce du Nord, en bois d’olivier et de chêne, principalement. Et des plats, des mortiers, des bols, des planches, des rouleaux à pâtes, des ustensiles, des bougeoirs, des cœurs…

Le menuisier, un vieux monsieur, a posé devant la porte de son atelier qui jouxte celle du magasin. Il vit, travaille et vend ici depuis son plus jeune âge, et son père et son grand-père avant lui. Mais pas de jeune dans la boutique ni dans l’atelier. Qui reprendra l’affaire ? Est-ce qu’il y aura encore des objets en bois fabriqués en Grèce ? Ou seulement ceux fabriqués en Chine ? Bref… Nous sommes descendus encore plus bas ensuite, sur la place principale du village, une grande place pavée de pierres de la montagne, entourée de bancs de bois sur lesquels sont assis des vieux, rien que des vieux – pas trace de vieilles ! On dirait qu’ils sont là pour les touristes, assis bien alignés sur leurs banc, chacun avec sa canne. Autour, plus loin, le vert vif de la montagne, soyeux, profond, il a beaucoup plu cette année, et puis il fait longtemps frais à cette altitude. Armand boit sa première bière Fix – fabriquée en Grèce depuis 1864 – et moi mon premier Frappé. Une invention de Nestlé hélas, mais hélas encore, c’est délicieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *