Ce matin, je me suis levée vers 5h. Avant que le soleil apparaisse à l’horizon, boule rouge étrange, qu’on peut regarder sans être ébloui – et pourtant c’est bien le soleil, encore dans les limbes de la journée, près de l’horizon, juste au-dessus de la mer, dans une petite brume de matin tôt.
J’ai pensé à Marianne, Anne et Alix, qui distribuent le journal dans nos boîtes pendant que nous dormons encore, à travers le village silencieux, dans les rues désertes. Quand j’ai passé devant chez Athanas et Maria, les chiens n’ont même pas aboyé. Les cigales sont assoupies, seuls les grillons bavardent un peu. Armand est parti un moment plus tôt avec Kostas pour pêcher, la barque sera déjà partie et j’aurai toute la plage pour moi.
L’air est frais, et je marche d’un bon pas. Je descends le sentier, ombragé et touffu, le long de la barrière, qui descend à Mourtitsa. Soudain la mer apparaît, cadeau impromptu à nos yeux éblouis par la beauté de cette vue qui s’offre ainsi, au détour du chemin de terre et de pierre.
Sur la plage, j’ai mis le soleil au milieu des four stonks, avec son reflet dans les vaguelettes. J’ai vu un nid de guêpes, j’ai admiré les murs de pierres sèches, blanches, encore debout malgré l’assaut des vagues en hiver, j’ai somnolé en attendant le retour des pêcheurs. Le vent est complètement tombé, la mer est devenue étale, lisse, sage. J’oublie la dureté du monde, il fait bon rêver sur la plage calme du petit matin.
La pêche était bonne, 75 poissons, « Chtenia », délicieux au grill, à la poêle, entiers, en filets ou même crus. 75 poissons à nettoyer, sur le bord de l’eau, Kostas assis sur son rocher et Armand debout en face.