Argalasti

L’église d’Argalasti

Argalasti, c’est le village le plus proche où nous pouvons faire les courses – 12km de petite route à travers les champs. De jolie route en terre et pleine de trous il y a une trentaine d’années, c’est devenu une (trop) bonne route, bien goudronnée. On découvre le village dans un virage, blotti dans une cuvette, la mer presque tout autour mais une fois dans le village, on ne la voit plus. C’est le chef-lieu du Sud-Pélion, c’est là que se tient le marché tous les samedis, et on y trouve au moins quatre magasins de fruits, deux bouchers, un barbier, un coiffeur, d’innombrables cafés, deux super-marchés, des artisans, deux pharmacies, une station-service, une quincaillerie, une église…

Après les courses, nous allons boire un café sur la place du village, la « platia ». Celle d’Argalasti a de belles dimensions, ronde, généreuse, abritée par des platanes entourés de bancs de pierres. Tout autour, des cafés, restaurants et commerces. La mairie, la pharmacie, le boucher, le marchand de tabac, le coiffeur, le mini-market, le bazar dans lequel on trouve du papier, des cahiers, et des jouets, des bijoux, des bibelots et même des chaussures en plastique, qui a remplacé la pâtisserie d’autrefois, dans laquelle on pouvait déguster une délicieuse crème de riz parfumée à la cannelle. Chez Koutsifelis, on peut acheter des cartes postales, du miel, des conserves, du dentifrice, des calendriers, du vin, des biscuits et mille autres choses. Au fond du magasin, il y a un immense moulin à café, électrique mais antique, qui fonctionne toujours. Malgré sa taille imposante, on peut commander 50gr de café seulement, si on veut, emballé dans du papier entouré d’un élastique. Quand on rentre, la voiture embaume le café.

La bouchère part pour la pause de midi, bien accompagnée…

Nous nous asseyons à une table chez Nicoletta, et nous commandons un café frappé à Dimitri, son fils. Avant, quand Internet n’arrivait pas jusque sur la terrasse, c’est chez eux que nous allions tous les jours travailler, en changeant de table au cours de la matinée pour échapper au soleil sur les écrans. Quand il pleuvait, c’était agréable d’être derrière la vitre, à l’abri. La connexion était mauvaise, les chaises encore plus inconfortables que celles de la terrasse – en paille et en bois, petites, dures, boiteuses – les odeurs de la cuisine à l’huile un peu fortes, mais l’ambiance sympa, entre les cris depuis la cuisine et le passage des clients ou des amis.

Après le café frappé, le coiffeur. Le barbier a 87 ans, il tremble un peu… C’est surtout quand il fait les finitions, avec le rasoir à l’ancienne, que c’est un peu effrayant, mais en réalité, il le fait à la perfection, presque les yeux fermés, pour 7 euros depuis l’introduction de la nouvelle monnaie, c’est à dire depuis près de 15 ans. C’était aussi un bouzouksiste qui se produisait dans toutes les fêtes, à l’époque. Aux alentours de 70 ans, il a cessé de jouer, il trouvait qu’il n’était plus assez bon. Mais pour les coupes et les barbes, ça va. Chaque fois que nous revenons, et depuis des années, c’est nous qui tremblons un peu, de peur qu’il ne soit plus là

 Au retour, j’en profite pour aller voir « mon » arbre, le long de la route. Il y a une trentaine d’année, il était tout petit et tout rond, une couronne parfaite. Il est resté bien rond, mais il est devenu énorme.

Sur le bord des routes, on voit souvent de toutes petites chapelles. Parfois pour remercier les dieux du lieu, comme pour celle qui se trouve dans le virage très sec sur la route qui mène à Potistika. Manolis, maire de Xinovrisi alors, est tombé dans le ravin avec son tracteur et sa femme. Le tracteur doit toujours y être, mais sa femme et lui sont toujours bien vivants! Un miracle digne d’une petite chapelle, aussi modeste soit-elle.

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