Ci-dessous, c’est le chemin vers Komo, tôt le matin. Vers notre plage, celle des vacances depuis des années, depuis que Potistika, « modernisée », est devenue accessible par plusieurs routes asphaltées financées par l’Europe, depuis que l’électricité est arrivée jusqu’en bas, depuis que des rangées de parasols ont poussé sur la plage. C’est joli, un parasol penché vers la mer… Mais le calme de la plage déserte, silencieuse, c’est un luxe rare.
On ne peut accéder à Komo qu’à pied, ou en bateau. Depuis chez nous, après quelques pas sur la route, on bifurque dans un chemin de terre, stabilisé ici et là par l’ajout de cailloux grossiers, puis on se faufile à travers deux propriétés. Tout en bas de « Kyra’s paradise », le sentier devient escarpé et se précipite vers la mer. Il change un peu chaque année, suivant les pluies, la sécheresse ou les vents. Les broussailles grandissent, les pierres dégringolent, des bouts de bois ont été installés afin d’empêcher la terre de glisser, d’autres ont disparu, mais on le reconnaît tout de même, et chaque fois qu’on l’emprunte, une émotion nous saisit. Débordants de souvenirs, c’est là que nous disons « à l’année prochaine », et c’est aussi là que nous nous disons, les yeux étonnés, enchantés par l’arrondi immuable de la baie et la mer à l’infini: « nous sommes arrivés ».
Face au large, avec pour seule compagnie les vagues, l’odeur du sel, les cris des mouettes, et la douceur du soleil sur la peau nue, j’entre dans la mer profonde.