Suis descendue à la plage juste après le petit-déjeuner, avant de partir au cours de poterie. Parfois ce sont les senteurs qui m’accompagnent, parfois ce sont les couleurs, ou les formes, ou les bruits… Chaque jour, je vois le même chemin, la même plage, la même mer différemment. Au mois de mai les fleurs explosent partout, dans tous les tons imaginables. Roses pâles, roses vifs, violets, mauves, jaune poussin, jaune soleil, oranges, et puis tous les tons de vert des feuillages, et les bleus de la mer et du ciel, et les gris et les blancs des nuages, les ocres des feuilles tombées, de la terre, des rochers et des graminées.
Nous commençons le cours tout de suite. J’essaie de jeter l’argile sur le tour, en vain. Je n’arrive pas à être assez énergique, il faut jeter la masse à modeler avec force, bien au centre. J’aimerais m’exercer à la jeter, jeter, jeter, jeter, jusqu’à ce que j’aie le coup de main, que je sache à la fois viser et utiliser la force adéquate. J’essaie de comprendre comment la boule se décentre, je monte, je descend la pâte, peu à peu j’arrive à bien la centrer, être à l’écoute de la terre, sentir comme elle se transforme sous mes doigts, l’humidité nécessaire à la contrôler sans l’inonder. Encore un bol, un peu plus grand cette fois. Une heure et demi a passé en un éclair, et ce n’est que lorsque je m’arrête que je sens la fatigue. Le temps s’est un peu assombri, il fait plus frais.
Sieste dans le hamac, puis travail. Le temps passe trop vite.